Still a Young Man • Ft. Nathanaël Blackwood

Fils de pute. Enfoiré de première. C’est ce que l’on peut déjà retenir de toi. Première semaine de cours, t’as pas été tendre avec tes élèves. Quatrièmes et cinquièmes années qui ont sans doute dû regretter d’avoir eu hâte de faire cours avec toi. Premier jour, première heure et demie, premiers devoirs, sans doute premiers points qui ont volé en fumée. Mais tu as plus important à faire, pour une rare fois dans ta pauvre vie, que maltraiter tes élèves. Aller maltraité un de tes anciens élèves. Professeur à Poudlard depuis très peu de temps, tu t’amuses à venir le voir, à la fin de sa journée, juste pour voir sa tête, juste pour sentir son appréhension, son stress qui tente de redescendre. T’es pas fini comme garçon. T’es pas fini comme professeur non plus. Un pur produit de connerie, de fourberie et une pointe de “sale connard”. La matière que tu enseignes et peut-être “pour les vieux”, est peut-être “ennuyante à mourir” mais cela ne te dispense pas d’avoir un certain charisme, d’avoir une certaine classe. Chemise sombre, pantalon droit noir et une longue veste semblable à une gabardine légère noire. Les pans de ta veste volant au rythme de tes pas silencieux, tu passes la porte de la salle de défense contre les forces du mal. Matière que tu te vois bien, les soirs d’hiver, les 36 février et de pleine lune, enseigner. Parce que t’en a la tronche. Mais tu manques cruellement de pédagogie et surtout de patience. Ah ce que tu peux être un impatient de première. Mais tu enseignes l’histoire. Matière qui transpire la patience rien que de part son nom. Accoudé contre la porte, ton regard se pose sur la salle, encore sous la forme donnée par le professeur Blackwood pour son cours avec les premières années. Les sorciers en couche culotte comme tu aimes les appeler. Ou les cornichons, tout dépend de ton humeur. Tu racles ta gorge, rictus au coin des lèvres avant de passer la porte. Tu as annoncé ta venue. Mains dans les poches, tu laisses tes chaussures marteler avec une pseudo douceur le sol en bois de la salle de classe. Elle n’a pas changé. Plus de 30 ans que tu as quitté les bancs de l’école et elle est toujours la même. Toujours la même gueule malgré le fait qu’elle change d’apparence suivant les professeurs qui prennent place pour donner cours ici.

“Alors professeur Blackwood ? Vos premiers cours ? Aussi chaotiques qu’espérer en voyant la connerie des élèves durant le banquet de rentrée ?”

Tu ne le vouvoies que pour la forme. Que pour la classe de ton entrée dans sa salle. Parce qu’autrement, tu le gratifies de son prénom ou de surnoms légèrement ridicules voire même méchants. Allant du “mon canard” au “petit con” sans aucune once de remords. Il ne faut pas avoir de remords pour ça. Parce que tu as été son professeur et qu’il t’en a fait voir des vertes et des pas mûres lorsqu’il était assis en face de toi. Partant du principe que tes cours étaient chiants et qu’il n’y avait que les vieux qui enseignaient l’histoire. Vieux. A 30 ans. Il s’en rapproche le petit piaf en sucre. Qu’il fasse gaffe. Bientôt 30 ans. Bientôt la vieillesse lui aussi. Bientôt l'EHPAD Nath’. Ta propre connerie te tire un léger rire alors que tu remets droite l'une des tables. Quelques centimètres, même pas.

“Attention Nath’, bientôt la vieillesse. Le stress c’est pas bon pour ton coeur.”

T’en as pas marre de te foutre de la gueule du monde ? Non ? Pas du tout. C’est ton moteur. Ta came. Tu aimes te foutre de la gueule de celles et ceux qui te le rendent bien et en l'occurrence, Nathanaël Blackwood, il te le rend bien. Parce que tu sais que tu vas y avoir droit, encore, au bon vieux “papy” de sa part. C’est comme une vieille habitude dont tu ne peux te dépêtrer.

Première semaine de cours et tu étais pourtant déjà au bout de ta vie. Pourquoi fallait-il toujours que tu stresses autant alors que tu savais que tu n'avais pas à le faire. Parce qu'après tout, tu étais assez doué pour connaître les sujets abordés dans ton cours, n'est ce pas ? Le problème ne venait en réalité pas de toi mais des élèves. Il fallait déjà voir ce qu'ils avaient fait au banquet de début d'année. Une bataille de nourriture. Bien évidemment, tout cela s'était mal terminé. Tu étais tout de même bien content qu'aucun des élèves de ta maison n'ai répondu à toute cette violence. Tu avais été les féliciter de s'être comportés d'une très bonne façon, lors du banquet. Et puis ça s'était arrêté là pour toi. Les cours avaient donc commencé et tu appréhendais un peu des cours des sixièmes années, surtout lorsque les Gryffondor se trouavient dans le coin. Tu savais très bien que la bande de James Potter et Sirius Black était malicieuse. Et tu comptais bien les avoir à l'oeil. Mais aujourd'hui, c'était un cours de première année que tu avais donné. Et tu espérais vraiment que la nouvelle génération ne serait pas aussi perturbante que celle des Maraudeurs. Parce que vraiment, tu ne te souvenais pas avoir été un élève perturbateur, toi. A part lorsque tu dormais en cours d'Histoire de la Magie. Mais ce n'était tout de même pas de ta faute si cette matière était soporifique. Et puis vraiment, à quoi servait cette matière dans ta vie professionnelle. A pas grand chose en vérité. En parlant de cette matière, tu avais fais volte face, alors que tu effaçais le tableau plein d'information de ta leçon précédente avce les plus petits, en entendant la voix du fameux professeur d'Histoire de la magie. « Professeur Haller. Je vois que vous n'avez rien d'autre à faire que de venir m'espionner. Vos élèves ont tous fuit vos cours tellement passionnants ? » C'était après tout la moindre des choses que de lui retourner la pareille non ? Tu l'avais donc observé, un léger sourire aux lèvres. Au moins, cet échange aurait le mérite de te libérer de tout le stress accumulé depuis le début de la semaine. Tu devais d'ailleurs très bien le faire ressentir à tout le monde puisque ton collègue finit par te dire que le stress n'était pas bon pour ta santé. Tu avais donc levé les yeux au ciel, une nouvelle fois, avant de soupirer : « Je risque moins de mourir d'un infractus que toi, papy. » Après tout, il était bien plus âgé que toi, non ? « Mais dis moi, qu'est ce que tu fais là ? C'est une habitude pour toi de rentrer à l'improviste dans les salles de classe ? »

Professeur Haller. Le vieux con à la matière jugée - à tort - inutile et ennuyeuse. Ouais, c’est toi. L’Roi des Cons. De toute façon, chez les profs, vous êtes tous des cons. Blackwood ? Un con. Ollivander ? Un con. Ross ? Une conne. Y’a que toi, parce que t’es un papy, que l’on respecte. Le roi des cons. Il voit que tu n’as rien à faire que de venir l’espionner. Ce à quoi tu lèves simplement le doigt en l’air. T’es plus subtile que ça quand tu espionnes, tout de même. Il te retourne ta blague de merde et cela te tire un sourire. Son insolence te fera toujours rire. Parce qu’il a beau avoir près de la trentaine, toi, tu vois toujours le petit con que tu avais en cours il y a de cela une dizaine d'années en arrière. Bon sang que tu as pu lui en faire voir des vertes et des pas mûres à ce gosse. Blackwood, la table, c’est pour écrire. Pas pour vous servir de coussin. Eh, p’tit con, s’tu veux, la porte est ouverte, mais si t’casses, c’est avec ton directeur de maison que tu auras des comptes à rendre. Menaces qui marchent encore à l’heure d’aujourd’hui et Merlin que cela te fait plaisir de menacer les mioches avec leurs directeurs de maisons. Parfois, tu les menaces même avec Peeves. Et tu crois que c’est sans doute le meilleur fou rire interne que tu te tapes. Tes élèves ont fui ? Non, t’as juste la chance d’avoir un planning léger as fuck. A la remarque sur son stress, il te réplique qu’il a moins de chance que toi de crever la gueule ouverte d’un arrêt cardiaque. Petit haussement d’épaule. Il n’a pas complètement tord le pignouf. T’es plus âgé, t’as donc, mathématiquement, plus de chance de crever que lui. Mais un accident est si vite arrivé.

“Voyons, mon lapin, si je t’espionnais vraiment, j’serais plus discret, plus subtil. J’ai juste pas envie de me faire chier que tu ne remarque aps ma présence.”

Mais qu’est-ce que tu fous là ? Une habitude de rentrer à l’improviste dans les salles de classe ? T’as presque envie de jouer, de tirer sur sa patience. De balancer le plus gros bobard que t’ai jamais sorti, que tu t’es paumé. Gars. Arrête. Tu as intégré ce château à 11 ans, t’en  49, t’as jamais quitté ces lieux. Ce château, c’est ce qui se rapproche le plus, pour toi, d’une véritable maison. Une maison où tu as une chiée plus une de frères et soeurs. Dont avec certains et certaines le courant ne passe pas.

“Eh, c’est qu’t’as l’âge d’être mon gosse, si j’avais été père jeune. Enfin si j’avais été père tout court. M’enfin, le sujet n’est pas là. J’me suis perdu ? Excuse bidon hein ?”

Et le rire traverse tes lèvres. Tu te fous de ta propre gueule. Et vu que t’es vieux, que t’es un gaucher, que t’es un né-moldu, on pourrait limite dire que c’est de la diffamation. Auto-diffamantion ? Vous pensez que cela passe devant un tribunal ? Meh.

“J’suis juste venu voir si t’allais bien. Parce que les marmots, ils en tiennent une sacrée couche cette année.”