Il faut qu'on parle # Sirius

Après les quelques jours depuis la rentrée, Sirius avait eu l’envie d’aller s’allonger au bord du lac pour s’éloigner un peu de tout les premières années, principalement les sangs purs, qui n’arrêtaient pas de venir le voir pour lui demander si c’était bien lui Black, et pour lui dire que ses parents l’aimaient pas, ou qu’il était fan de ses dernières conneries. Alors, il s’était installé au bord du lac noir, retirant la cape rouge et noire des gryffondors pour passer sa veste en cuir au dessus de ses fringues, plaçant des lunettes de soleil noir sur son nez et s’étalant sur le sol, la tête sur la robe de sorcier qui traînait encore en lâchant un long soupir satisfait de soulagement.

Et puis, soudainement, d’un coup, une ombre est venue lui gâcher son soleil, son moment, son après-midi, sa journée, sa semaine et sa vie entière. Un soupir d’ennui, alors qu’il réouvre ses yeux pour observer une petite nénette blonde au dessus de lui, et de froncer les sourcils. Ses doigts attrapent ses lunettes, pour les baisser légèrement, pour l’observer au dessus des verres. “..Aaaah, tiens, t’es pas la pétasse qui a insulté Peeves ?” Haussement d’épaules, il lui fait un signe de se barrer, sans vraiment l’écouter, avant d’enfoncer ses lunettes sur son nez et de se rallonger correctement.

“Chérie, t’es censé être préfète, va faire ton job et lâche mon cul cinq minutes, on verra pour s’amuser et s’draguer un peu plus tard.” Pause. Qu’on lui lâche pas tout d’un coup, qu’il y réfléchisse un peu plus avec ses quelques neurones, et finalement, ça sort. “Et chill sur les hormones, c’est le troisième jour, on a toute une année pour trouver un moment.” C’est qu’au fond, Sirius avait l’habitude qu’on vienne le voir uniquement pour ça, et à sa tête ? Well, il ne voyait pas une autre raison pour laquelle la préfète de Serpentard serait venue lui parler.

Pas comme si qui que ce soit serait venu lui parler pour autre chose.

À part pour lui demander c’est toi qui a fait…

Généralement c’était bien lui.
Et James.

James et lui.

Toujours les conneries.
Yep.

Dans le fond, naturellement, Sirius n’était pas du genre à répondre de façon si outrante. C’était généralement seulement pour qu’on lui foute la paix, et généralement ça marchait plutôt bien, parce que personne, non personne, ne voulait foutre en rogne un Black.

Et certainement pas Sirius. Ils avaient tous vu, la façon qu’il avait de se foutre ouvertement de la gueule de Severus Snape, la façon qu’il avait d’envoyer chier les autres, de leur faire mal gratuitement quand ils l’emmerdaient un peu trop. Sirius, c’est un mauvais garçon, c’était clair, pas que pour lui, mais pour la plupart du corps enseignant et la plupart de Poudlard également. Et pourtant, ça n’empêchait pas que la blondasse restait planter là.

Elle, il avait déjà vu son nom passer.
Et elle, il ne la supportait déjà pas.

Melrose Gaunt, ou une connerie du genre. Il avait entendu son nom une ou deux fois dans la bouche d’Orion et Walburga, la douce sang pur qu’ils voulaient qu’il soit un peu plus comme. Serpentard, l’élitisme dans la bouche et le sang qui coule dans ses veines comme une carte d’identité de la connasse de première. En soit, tout ce que Sirius ne supportait pas, et tout ce qu’il avait éjecté de sa vie en claquant la porte de Grimmauld Place derrière lui en gravant dans sa mémoire les mots de sa mère. Si tu pars, ne reviens pas.

“T’es sûr qu’on vit dans le même Poudlard, Gaunt ?” Pour prouver son point, il regarde autour, quelques secondes à peine avant de faire un signe à une élève un peu plus jeune portant les couleurs de Poufsouffle un peu plus loin. Un signe de la main, un coucou et un clin d’oeil, qui colorent les joues de la jeune fille d’un rouge écarlate. “T’as raison, j’suis pas dans le top 10, on peut faire plus court pour donner une approximation.” Haussement d’épaule. “J’suis directement top 1, on a pas à s’emmerder à faire un autre classement derrière.”

Il se redresse, enfin, pour attraper sa bouteille d’eau, pour boire un coup parce que toute cette connerie de top l’a presque assoiffé, c’est généralement ce qu’il se passe quand il y a trop de sel dans un sens ou un autre, pas vrai ? Et puis, l’annonce, et Sirius manque de s’étouffer, avale son eau et tousse.

“..Nos quoi maintenant ?” Il y a un rire nerveux qui lui échappe, et il secoue la tête. “Non mais là..” Il secoue la tête, en se rallongeant. “Va t’coucher, oui ? T’as trop d’espoir mon chaton.”

Désagréable idiote de première classe avec un sang trop pur et une envie trop soudaine de lui mettre une droite en pleine face. Du calme, Black, qu’elle oblige la conscience. Yoga, méditation, calme, soit un Remus version deux. Ses yeux se lèvent tellement haut qu’il en croit presque voir son cerveau – oui oui, son cerveau, c’est à ce point-là, il lève les yeux si haut qu’il en arrive à voir des neurones inexistants – et un rire nerveux lui échappe, encore une fois. Il fait presque semblant de vomir, quand elle sourit, quand elle commence de nouveau à parler. Signes tout simple de sa propre personne, il ne l’aime pas, il ne compte pas l’apprécier, et elle lui casse allégrement les pieds.

“Sinon, jamais tu fermes ta gueule ?” Et ça sort très naturellement, en réalité. Comme s’il avait pensé à lui demander pendant les vingt dernières minutes, comme si c’était tout ce à quoi il pensait.

Et puis, elle a eu le move, le mouvement qu’il ne fallait pas lorsqu’elle s’est placée au dessus de lui, qu’elle l’attrape par le col, et un de ses sourcils se hausse. Tu cherches, Gaunt. Un sourire presque malsain qui apparaît sur ses lèvres, et sa main passe derrière ses genoux à elle, pour la faire tomber au dessus de lui. Une main qui se lève, comme pour faire des griffes d’une sorte d’animal. “Rawr, chérie ? Tu vois, top un, j’te l’ai dis.”

Et puis, doucement, son sourire disparaît, quand elle se mit à parler un peu plus de Walburga, de l’annonce. Certainement pas. “À c’que je sache je t’ai rien demandé, donc on est pas fiancés.” Au moins, c’était assez franc de sa part. “Faire de ma vie un enfer ?” Et puis un rire, un vrai, cette fois, alors qu’il la repousse, qu’il se rallonge. “Darling, y’a rien que tu puisses faire qui soit pire que ce que ma mère ai déjà fait. Essaye pour voir.”

Elle secoue la tête, il grogne d’ennui, c’est qu’elle est ennuyante, la blondasse, et au fond ? Au fond, Sirius n’est pas certain d’avoir la patience nécessaire pour tenter une communication aimable et agréable avec une personne comme elle. Peut-être bien qu’elle allait finir par discuter avec le calmar au fond du lac d’ici une vingtaine de minutes si elle continuait sur sa lancée. Sa voix de crésselle mélangée à son apparence de pétasse, clairement, ça ne faisait pas d’étincelles et ça donnait une foutue envie à Sirius de se crever les yeux et les tympans à l’aide de sa baguette. Peut-être même que les strangulos du lac pouvaient l’aider dans ce projet-là ? “Eh bah des fois faut apprendre à se taire. Le silence est la meilleure des réponses, t’as jamais entendu ça ?” Un sourire satisfait, il l’avait entendu plus d’une fois, lui. Walburga, qui lui disait de fermer sa gueule, qu’il n’avait aucun droit même en tant qu’héritier tant qu’il n’était pas un Serpentard, et marié à une femme digne de ce nom.

Joke’s on you, maman, j’suis pédé comme un phoque. Bon, peut-être pas à ce point-là, mais Sirius, c’était un bon, gros pansexuel qui s’assumait ouvertement, et avec une large préférence pour la gente masculine qu’il ne cachait plus. Au fond, c’était probablement le pourquoi du comment on ne s’adressait à lui qu’avec des répliques de drague, ou pourquoi on l’ignorait tout simplement. Les gens en ont peur, de ceux qui s’assument et s’acceptent tel qu’ils sont. Trop peur que la bravoure de s’aimer ne déteigne sur eux.

“En tout cas, j’connais quelqu’un que je peux top facilement..” Ses yeux qui descendent doucement sur son corps à elle avec un sourire de petit con, encore plus quand elle se relève. “Oh, bah, déjà ?” Une remarque un peu idiote, avec une intonation de surprise.

Et puis, elle s’est mise à parler de la chose. Celle dont il ne voulait pas parler. L’élitisme, leur rythme stupide de vie, en tant que sang pur, en tant qu’élite, en quelques sortes, en tant qu’idiots juste nés dans la bonne famille, ou quelque chose comme ça. “Oh, non, non, je sais.” Il en avait entendu des vertes et des pas mûres, des conneries impures, des conneries sans noms que papa, que maman lui avaient sortis. Qu’au moins, lui, il avait de la chance de ne pas se marier à sa cousine. Mais laquelle ? Parce que c’était hors de question, toutes cousines confondues, dans tout les cas. Qu’au moins, il avait de la chance de se marier à une personne portant le même sang que leur suprême connard de mage noir de mes deux. “Mais ça change pas que ça n’arrivera pas, mon amour. Jamais de la vie, et certainement pas avec une..” Pause. Reste courtois. “Jeune femme, pour être poli, comme toi.”

Et puis, les mots qu’il ne fallait pas. Alors, Sirius, il s’est redressé, il l’a choppée, Gaunt, il a attrapé son poignet, l’a attiré vers lui, suffisamment brutalement pour attraper son visage de son autre main. “Apprends contre qui tu te bats, ma chérie. Déshérité ou non, je reste un Black. Si tu traînes mon nom dans la boue, c’est les Black, les Malfoys, les Lestranges que tu traînes avec. Gaunt ou pas, mage noir ou non, vous allez vous faire putain de décimer.” Un regard droit dans les yeux, presque noir, mais avec cette lueur de vas-y, essaye pour voir. “Traîne moi dans la boue, ma chérie, tu tombes avec. Tu crois qu’ils suivront qui, la blondasse de sang pur qui pourri le nom de son fiancé, ou l’héritier d’une famille noble qui s’est fait salir par une salope ?”

Pas une menace, une prévention.

Pour Sirius, cette conversation ne menait à rien. Il n’aimait pas les Serpentards, tous autant qu’ils sont, peut-être juste avec l’exception de son frère – mais même maintenant il avait du mal à aller le voir, parce qu’il était parti sans réfléchir à sa promesse. Il ne les aimait pas, et Melrose devait être une de celles qu’il trouvait le plus insupportable possible. “Les meilleurs soldats se battent sans armes, Gaunt. J’suis pas tant surpris que ta famille t’ai appris à en prendre quand même.” Parce que ta famille et toi, vous êtes des véritables merdes, c’est ce qu’il disait sans le dire avec cette phrase, un autre haussement d’épaules et il secoue la tête. Même sans pour autant être comme ses parents, ils avaient réussi à lui inculquer la fierté des Black et le savoir qu’ils étaient puissants, tous autant qu’ils sont. Même s’il ne comptait plus faire parti de cette famille, il en portait tout de même le nom, il en avait tout de même le sang, la puissance.

“C’est toujours une personne de plus que pour toi, ma chérie.” Un sifflement alors qu’il secoue la tête une nouvelle fois. Il n’avait rien à lui dire, rien à discuter avec elle, même ce dont elle voulait parler ne l’intriguait pas tant que ça, dans le fond.

“J’en ai rien à foutre.” Qu’il lui fasse mal, c’était pas son but, mais il s’en foutait complètement si ça arrivait. Sirius, il n’était pas connu pour sa douceur ou sa gentillesse. C’était l’enfoiré qui tapait sur la gueule des gens et leur rentrait dedans quand quelque chose ne lui plaisait pas. C’est l’imbécile qui se plaisait à renvoyer des cognards sur les équipes ennemies, en visant les bras, les jambes en priorité pour tenter de casser quelque chose, ça avait jamais été quelqu’un de trop gentil, et c’était bien pour ça que les Maraudeurs étaient connus comme étant des petits cons fauteurs de troubles. “Et tu penses que les Black l’accepteront, chérie ? Ouvre tes yeux cinq minutes.” Un rire presque mauvais, quand il l’attire un peu plus proche de lui, qu’il penche la tête, sans lâcher ses yeux du regard. “Tu vas juste être la pauvre fille incapable de garder un mari. Je les connais, mes parents, bien mieux que tu puisses le penser. Ils vont pas simplement se taire et accepter.”

Alors, il a un simple sourire, alors qu’il secoue la tête de droite à gauche. “Comme je te l’ai déjà dis..”

Et puis, il l’a légèrement poussée, tout en tenant son poignet pour ne pas la faire tomber.

“Si je tombe ? Tu tombes avec moi.”

Et de sa main, il l’a repoussé un peu plus, la lâchant cette fois, pour l’envoyer à l’eau, en se relevant à son tour, attrapant sa cape de Gryffondor et essuyant son pantalon de l’herbe. “Bon bain à toi, Gaunt.”

Tenant sa cape d’une main sur son épaule, il se décide à tourner les talons, juste pour s’en aller, maintenant et loin d’elle.