I'll be watching you [SIRIUS]

C'était merveilleux pour toi de te trouver à Poudlard. Pourquoi me demandez-vous ? Et bien parce que pendant ce temps là, tu n'avais pas à supporter les sévices de tes parents. Tu pouvais gérer ta vie comme tu l'entendais, parler à qui tu voulais, du moment bien évidemment que tu ne créais pas de vagues. Parce que nul doute que si Walburga et Orion Black reçevaient par hasard un hibou les informant que leur fils cadet causaient des soucis, ils rappliqueraient pour te coller la pire leçon de ta vie. Ce soir là donc, tu sortais d'un cours de métamorphose. Et à vrai dire, tu n'avais pas réellement envie d'aller manger, pour le moment. Tu avais donc sorti de ton sac l'exemplaire des contes de Beedle le Barde, que tu avais pris de ton frère, lorsqu'il avait quitté le manoir familial, et tu t'étais installé sur les escaliers qui menaient vers la salle commune des Gryffondor, pour le relire au moins pour la centième fois. Lorsque quelqu'un passait près de toi, tu relevais le regard, vérifiant s'il ne s'agissait pas de ton frère. Parce que tu avais ce besoin de lui parler, de savoir si tout allait bien pour lui, sans bien évidemment faire de vagues. Parce que tu n'avais pas réellement envie que les professeurs ne s'en mêlent, ni que Serpentard ne commence l'année en perdant des points... Au bout d'un moment, tu t'étais relevé, mal installé dans ses escaliers, t'adossant alors à la rampe, les bras croisés sur ton torse, alors que tu avais rangé ton livre dans ton sac en bandoulière. Tu avais alors observé les fameux escaliers d'un regard absent, avant de le voir enfin arriver. Mais qu'est ce que tu pouvais bien lui dire ? Parce qu'après tout, c'était lui le digne courageux Gryffondor de l'histoire. Toi, tu n'étais que le pauvre lâche de Serpentard, non ? Et puis c'était lui qui t'avait aussi abandonné comme la pire des ordures non ? Alors n'était-ce pas à lui de s'excuser ? En tout les cas, tu l'observais maintenant, la bouche à moitié ouverte, ne sachant pas vraiment quoi dire...

On t’attendra dans la salle commune, Padfoot, qu’il avait dit, Wormtail. Un soupir, alors qu’il croise les bras devant le professeur, qu’il attend la réprimandation pour la première explosion volontaire de potion de l’année. Eh beh, on est pas sorti de l’auberge, à cette vitesse-là, on y est même pas encore entré. Hochement de tête ennuyés qui montrent bel et bien qu’il en a rien à battre et que, de toute façon, il continuera, un soupir agacé du professeur, et finalement, on le relâche enfin. Air ! Vent ! Liberté !

Freedom !

Quelques longs escaliers plus tard, c’est un peu moins la sensation de freedom et un peu plus la sensation du souffle court et du point de côté. Il s’arrête en grognant au sixième étage, en posant ses mains sur ses genoux, en dégagant de ses épaules la cape rouge et noire des gryffondors. “Putain.. D’escaliers.. De merde..” Un soupir, et puis, une réalisation, quand ses yeux se posent sur la robe de Serpentard qui traîne presque par terre, et qui se relève doucement. Je te jure que si c’est l’autre casse couille de blondasse… Mais c’est autre, tout autre.

Regulus.

“...Nope.” Un seul mot, il secoue la tête et s’éloigne presque automatiquement. Il en avait assez. Il avait assez de reproches de la part de tout les autres Serpentard, de tout les autres sang purs. Des supplications, des demandes de rentrer, même si Walburga lui avait dit de ne pas le faire, qu’il ne voulait pas entendre un seul mot de la bouche de son frère. Alors, il s’était foutu devant la peinture, prêt à rentrer dans la salle commune des Gryffondors.. Et puis l’inverse lui avait craché à la gueule. Et puis merde. Alors, il s’était retourné. “J’sais pas ce qu’ils veulent que tu me dises, et j’en ai rien à foutre.” Un point clair, net, direct. “Tu peux leur dire d’aller se faire mettre, et d’envoyer chier les Gaunt avec ça. J’ai assez pris sur moi-même ces cinq dernières années, plus maintenant.” Et ça lui faisait mal, au fond. Parce qu’il parlait à Regulus comme s’il était leurs parents, parce qu’il savait que d’une certaine façon, Regulus suivait plus qu’il ne contrôlait, même dans sa propre vie. Parce que d’une certaine façon, il savait que dans un sens, peut-être qu’il avait comprit pourquoi Walburga et Orion l’avait injustement brûlé de la tapisserie – il le savait, que c’était certainement ce qu’ils avaient fait – et qu’il ne comprendrait peut-être pas pourquoi Sirius était parti. Dans un sens, Sirius ne comprenait pas non plus. Il avait promis qu’il ne partirait pas.

Mais au bout d’un moment, c’était grand temps de se faire passer en premier.

Ce n'était pas une si bonne idée que cela en réalité de faire face à Sirius. Parce qu'à présent que vous étiez face à face, tu réalisais à quel point il t'avait manqué, pendant tout cet été. Et à quel point il avait changé aussi. Tu avais ouvert la bouche pour espérer pouvoir prendre la parole, pour dire quelque chose de cohérent. Mais en réalité, c'était comme si tout ton corps était paralysé. Paralysé par la peur de te faire rembarrer par ton frère. Parce qu'après tout, tu n'avais pas sû être là pour lui quand il le fallait. Et c'était un peu à cause de toi que Sirius était parti. Parce que si toi aussi tu avais fait front contre ta famille, peut-être que les choses n'auraient pas été ainsi. Mais d'un autre côté, tu n'aurais jamais pu prévoir non plus que Sirius n'allait pas tenir sa promesse faite depuis ta naissance, non ? Alors, lorsque tu l'avais vu faire demi tour, ton coeur s'était brisé un peu plus dans ta poitrine. « Mais... » Tu n'avais même pas hésité un seul instant avant de suivre ton aîné, ton coeur battant la chamade dans ta poitrine alors que tu tentais de rattraper ton frère en accélérant le pas. Lorsque vous étiez arrivés devant la peinture de la Grosse Dame, tu savais que c'était foutu. Puis finalement, il avait fait volte-face pour te faire face, en te parlant de vos parents. « Ils m'ont rien dis. C'est MOI qui veut te parler ! » Sauf que le Rouge et Or ne semblait pas réellement du même avis que toi. « On n'est pas à la maison ici. J'ai le droit de te parler ! » Parce que quand Orion et Walburga étaient dans le coin, ce n'était clairement pas la même histoire. D'autant que maintenant, c'était toi qui prenait pour ton frère. Et pourtant, tu ne lui en voulais pas le moindre du monde. « Tu me manques, Sirius. »

Il le savait, Sirius. Que ce n’était pas de la faute de Regulus, ce qu’il s’était passé. Que Regulus avait probablement autre chose à faire que de faire passer les messages de papa et maman, que peut-être après le long mois qu’il avait passé chez les Potters, il pouvait lui manquer tout autant qu’il lui manquait à lui.

Mais c’était tellement plus simple, de faire comme s’il n’en avait rien à foutre.
Au moins, il n’aurait pas à se sentir coupable d’être parti.

C’est moi qui veut te parler. Mais il s’en doutait, et d’une certaine façon, Sirius le craignait encore plus. “À la maison aussi, t’aurais pu me parler.” C’est presque agressif, presque gratuitement méchant, mais c’est la rancoeur contre Orion et Walburga qui ressort contre celui qui ne le mérite pas. Parce qu’ils avaient tout fait, ces deux-là. Il lui avait tout fait, jusqu’au bout, au point même où parler à son frère lui avait été impossible. Au point même où il avait commencer à douter que Regulus puisse aussi être une bonne personne. En même temps, vu les pas dans lesquels il marchait…

Tu me manques. C’est les mots qu’il n’avait pas voulu entendre, qui le font se stopper net, sur place, ses yeux qui ne se détachent pas de son frère pendant une minute ou deux. Et puis, un long soupir, et il détourne enfin le regard. Putain, parce que c’était évident. Alors il n’a rien dit, à la place, il s’est rapproché de lui, son petit frère qu’il savait avoir abandonné à son sort, et il l’a prit dans ses bras. “Tu me manques aussi.”

Mais un peu trop court, parce qu’il se recule de lui-même à peine quelques secondes après. Juste un instant de gentillesse avant qu’il ne reprenne ses distances. “Tu devrais quand même éviter de me parler ici, Reg.” Une pause. “Papa et maman ont des espions de partout. Dont l’autre.. Casse-couille de Gaunt, et j’ai pas envie que t’ai des problèmes à cause de moi.”

Tu ne t'attendais pas à ce que ton face à face avec ton frère ne se passe ainsi. Parce que d'habitude, tu avais toujours été du genre à savoir quoi dire. Sauf qu'à présent, il était clair que tu ne savais pas vraiment quoi dire, ni quoi faire. Alors tu restais là, face à Sirius, la bouche ouverte. Et lorsque le Rouge et Or finit par répondre, non sans méchanceté, que tu aurais pû lui parler à la maison, tu avais refermé la bouche. Ca te faisait mal, mais il s'agissait aussi de la vérité. Tu aurais très bien pu parler. Sauf que il y avait toujours vos parents qui vous empêchaient de pouvoir discuter, comme bon vous semblaient. Alors, tu avais de nouveau ouvert la bouche, pour t'expliquer, vainement : « Tu sais très bien que devant les parents, c'était peine perdue... » Et puis, tu n'avais pas réellement envie que parce que tu avais parlé à ton frère, Sirius soit frappé. Mais maintenant qu'Orion et Walburga n'étaient pas dans le coin, tu pouvais très bien dire tout ce que tu avais sur le coeur. Alors, tu avais lâché la bombe comme quoi ton frère te manquait. Et tu étais presque certain que Sirius allait t'envoyer sur les roses. Mais au lieu de cela, tu fus des plus surpris lorsqu'il te prit dans ses bras, brièvement, en avouant que tu lui manquais aussi. Votre étreinte n'avait pas réellement tenue longtemps, mais ça t'avait un peu fait du bien. Finalement, lorsqu'il se recula pour te dire qu'il ne fallait pas que tu lui parles ici, tu avais levé les yeux au ciel, en marmonnant : « Ben voyons... » Et pourtant, tu savais aussi tout autant que lui qu'il avait raison sur le fait que vos parents avaient des espions dans les lieux. « Je m'en fiche de Gaunt. Et puis, je n'ai pas peur de papa et maman. » Encore une fois, tu avais roulé les yeux vers le ciel, avant de proposer alors : « On pourrait aller dans un endroit où on ne serait que tous les deux. Les cuisines sont pas mal pour ça. Personne n'y va jamais parce qu'ils n'aiment pas les elfes de maison. » En tout cas, tu étais prêt à prendre le risque d'aller là-bas, si c'était pour passer un moment avec ton frère.

“Arrête.” Un seul mot, un froncement de sourcils, et il secoue la tête. Peine perdue ? C’était la meilleure celle-là. Il n’avait pas pour habitude de dire trop clairement à son frère de ce qu’il pensait de son courage hors du commun – vraiment pas – mais il y avait certaines fois où tout s’échappait tout seul. Et il savait, il le sentait, que ça allait être une de ces fois, qu’il allait regretter d’avoir ouvert sa bouche, et qu’il allait se maudire lui-même d’avoir accepté de lui parler. “Ils t’ont pas lancé un sort en pleine tronche pour que tu la fermes, je vois vraiment pas d’où c’était peine perdue, Reg.” Honnêteté qu’il aurait préféré garder pour lui, qu’il aurait voulu ne pas dire à voix haute. Et pourtant c’est qu’un début. “T’as juste préféré écouter leurs conneries et retourner vers eux avec la queue entre les jambes. Mais je comprends, j’sais pas si tu t’en souviens, mais j’ai essayé, aussi, de leur obéir à une époque. Apparemment j’ai moins de mouton que toi en moi.”

Et même tout ça, ça ne changeait pas que d’une certaine façon, son frère lui manquait tout de même. C’était ce genre d’amour cruel qui venait avec la peine et l’envie d’haïr, parce qu’il était trop comme eux deux. Parce qu’il avait fait le mauvais choix, et que Sirius ne savait pas vraiment comment lui ouvrir les yeux.

Je n’ai pas peur de papa et maman. “Tu devrais.” C’est les seuls deux mots qui lui échappent, avant qu’il ne prenne une inspiration et qu’il n’observe son frère un peu plus. “Et tu me dis que t’as pas peur ?” Qui sort juste après sa proposition. “Personnellement, qu’ils sachent qu’on discute, je pourrais pas m’en foutre plus. J’dis ça pour toi. Je vais pas aller me cacher pour parler à qui que ce soit, je vis plus avec ces cons.” Un haussement d’épaules. “Tu voulais parler de quoi ?” Une pause, et un instant pendant lequel il regrette même ses mots. Mais il préférait prêter attention à sa propre personne en premier, maintenant.

“..J’ai pas énorme de temps, James m’attend.” Pas forcément, pas forcément la vérité, mais d’une façon ou d’une autre il savait que si James n’attendait pas, ce serait Peter ou Remus, donc en soit..

Tu ne savais plus vraiment comment agir avec ton frère. Parce que depuis qu'il t'avais laissé tombé pour ce Potter, tu ne ressentais plus que de la jalousie. Et surtout, tu étais partagé entre le fait d'haïr ton frère ou celui de le serrer dans tes bras et de le suivre partout dans Poudlard. Parce que pour le moment, le Rouge et Or était loin de connaitre la réalité de la chose en vérité. Parce que depuis qu'il était parti, vos parents se vengeaint sur toi. Comme si tu étais à l'origine de la disparition de leur fils ainé. Tu avais un peu grimacé lorsque Sirius t'avais dit qu'ils ne t'avaient pas lancé de sort à toi, mais tu avais passé ta main dans tes cheveux, gêné. « Depuis que tu es parti, c'est moi qui prends. » Tu t'étais un peu mordu les lèvres, espérant vraiment que ton aîné n'allait pas te poser de question. « Je pensais qu'en obéissant, ils n'allaient pas faire ce qu'ils faisaient avec toi. Apparemment, je me suis bien trompé... » Parce que tu te retrouvais maintenant a devoir subir leur punition douteuse et plus encore tu te retrouvais fiancé à une fille que tu ne connaissais même pas. Touot ça parce que tu devais rectifier les erreurs de ton frère. Mais au fond, tu n'en voulais pas à Sirius. Au contraire, tu l'admirais de voir comment il s'en était tiré lui... « D'accord... En vrai j'ai peur des parents. Du moins, j'ai peur que quelqu'un de mal intentionné leur rapporte tout ce qu'il se passe ici, avec toi. » En tout cas, tu avais ouvert la bouche pour lui dire que tu voulais simplement passer un peu de temps avec lui, mais tu la referma bien vite, lorsqu'il te dit que James l'attendait. Et ca t'avait mis hors de toi. « Donc c'est ça... Tu me remplace par lui maintenant... » Là, tout de suite, tu avais simplement envie de frapper Potter...

Depuis que t’es parti, c’est moi qui prend. La culpabilité qui frappe d’un seul coup à ces mots. Il se souvenait parfaitement de combien il avait pu prendre. Des gifles de Walburga, des insultes déguisées en compliments de la part d’Orion, des sorts qu’il avait pu subir et de la puissance mentale qu’il lui avait fallut pour s’en sortir. Il se souvenait encore du nombre de fois où un Effort Exceptionnel n’était pas suffisant pour eux, quand ça venait de lui, mais où un Acceptable de Regulus les rendait parfaitement heureux. Et là, c’est la jalousie qui prend place. Le petit dernier à qui on ne dit rien, celui qui prend jamais, parce qu’il y a ô bien plus amusant sur qui taper, à descendre, à rabaisser, à lui dire en boucle encore et encore que ses amis sont des sous-merdes et que si son sang mérite mieux, peut-être qu’il n’a que des amis qui additionnés sont à peu près sa valeur à lui. “Alors, ça fait mal, hein, d’avoir personne pour l’ouvrir et dire que c’est mauvais ce qu’ils font ?” Un froncement de sourcils quand il s’éloigne un peu de son frère, du renfermement presque soudain. Parce qu’il se souvenait de ce que lui il avait pu dire. De toutes les fois où il était allé dans le sens de papa et maman pour leur faire plaisir, et qu’il avait perdu son allié sous les remarques incessantes, et sous les tu vois, même ton frère est d’accord avec nous. “Tu veux un conseil, Reg ? Fais aux autres ce que tu veux qu’on te fasse.” Haussement d’épaules, quand il prend quelques pas en arrière, s’approchant de nouveau du tableau. S’en aller, c’était l’idée. “C’est pas parce que tu participes pas à frapper quelqu’un que fermer ta gueule, approuver de ce que les autres disent et observer font pas de toi un des bourreaux.” Et pourtant, il continuait à l’écouter, jusqu’aux mots sur James, où un rire presque nerveux lui échappe. “Si tu voulais mon aide maintenant, il fallait accepter de me donner la tienne quand j’en avais besoin. Ça marche dans les deux sens. James l’a fait.” Haussement de sourcil avant qu’il ne se place devant le tableau de la grosse dame. “Je peux pas te remplacer, mais je peux me faire ma propre famille. Pour l’instant, de celle-là, t’en fais pas parti.” Sur ces mots, le mot de passe de la salle commune prononcée, il ne fit pas demi-tour, continuant sa marche pour retourner avec le reste des Gryffondors. Plus rien à dire.